Des millénaires d’introversion obligée concernant les pulsions sexuelles ont fait en sorte que nous avons pris l’habitude d’intérioriser nos désirs érotiques. Si bien qu’à force de vivre nos rêves libidineux avec autant d’intensité, nous avons fini par trouver le sexe physique un peu banal.
C’est pourquoi, nombre d’hommes croient naïvement (pour ne pas dire bêtement) que la majorité des nanas souhaitent se faire violer car elles ont ce fantasme. Les mecs ont encore beaucoup de mal à comprendre qu’une scène fantasmée apporte souvent une exaltation que le rapport physique, trivial, banalise à un point exécrable.
Or comment concilier la puissance du désir sublimé et l’ordinaire du passage à l’acte ? Combien de fois l’amant qui suscite en nous une pulsion sexuelle fulgurante se désespère de nous voir nous vautrer dans la petite mise en scène qui précède la sacro-sainte pénétration ? Combien de fois ce mâle fougueux et dégoulinant de désir brut se navre en préliminaires interminables dans le seul but de nous chauffer pour qu’enfin nous souhaitions le coït ? Car c’est bien souvent, encore (malgré le libéralisme sexuel ambiant), tous les petits gestes secondaires, tous les regards coquins, toutes les promesses de plaisir qui sont la source des sensations féminines, avant que le divin clitoris se prête enfin aux jeux de la chair, propageant les frissons de l’orgasme dans tout le corps de la femme.
A-t-on avantage de toute façon à se priver de ce monde extraordinaire qui nous met les sens à l’envers ?
Bien sûr, les nanas les plus torrides ont peut-être trouvé un moyen imparable de se dissocier du joug du fantasme. Celles (les veinardes) qui produisent un taux plus élevé de testostérone peuvent enfin jouir de leurs pulsions sexuelles brutes avec la même incontinence que les hommes. Mais, comme il y a toujours un prix à payer pour profiter des mêmes avantages que ceux dont jouit l’être masculin en toute impunité, elles se font taxer du détestable qualificatif : nymphomane.